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Ma mère m’a larguée

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Ma mère m’a larguée Empty Ma mère m’a larguée

Message par marieannekeppers Hier à 3:40

Ma mère m’a larguée Fgghhj10

Catherine (44 ans) a vécu une dispute banale avec sa mère. Il y a bientôt huit ans. Depuis, cette dernière refuse de la voir et Catherine tente toujours de comprendre pourquoi.

« Que vaut quelqu’un que même sa propre mère refuse de voir ? Comment croire que les autres ne vous laisseront pas tomber ? Quand votre propre mère l’a fait par SMS ?
Ces questions me taraudent. On apprend à vivre avec le manque d’amour et de soutien, mais le manque de confiance en soi reste. Même après toutes ces années sans elle, l’ombre de ma mère plane toujours sur moi. Ma mère n’a jamais été une femme simple. Pour le monde extérieur, elle l’était, mais au sein de notre famille, nous savions qu’elle se souciait avant tout des apparences. Je ne veux pas dire qu’elle était méchante avec moi quand j’étais petite, mais ce qu’elle aimait surtout, c’était m’exhiber quand j’étais jolie ou que j’avais de bons bulletins. Cela a entraîné en moi un énorme perfectionnisme. Je devais toujours être la meilleure. Mon frère subissait moins de pression.

Dès que j’ai été majeure, contrairement à mon frère, j’ai dû quitter la maison. « Tu dois voler de tes propres ailes maintenant », m’a dit ma mère sans ménagement. Mon père a essayé de lui tenir tête, mais ça n’a servi à rien. Commencer sa vie si jeune sans le soutien financier de ses parents n’est pas une partie de plaisir, mais j’ai pu m’en remettre. Le bon côté des choses, c’est que j’ai appris à me battre. J’ai lancé une affaire de traiteur dans un petit appartement que je pouvais à peine payer et aujourd’hui, ça marche bien. Cela a été difficile pour ma mère. Elle voulait que le mérite lui revienne. Lorsque j’ai développé mon entreprise, elle a attiré toute l’attention lors de la réception d’ouverture en clamant que c’était grâce à elle, car elle m’avait payé mes études hôtelières. Elle ne supportait pas que les projecteurs soient braqués sur moi. Mais je ne m’en suis compte que plus tard. Les premières vraies fissures entre nous se sont produites à la naissance de ma fille. Je m’étais résignée à ce que ma mère ne soit pas là pour moi, mais je croyais naïvement qu’elle aimerait sa petite-fille. Pourtant, elle n’a jamais rien fait pour elle, ne m’a jamais demandé de ses nouvelles. Le fait d’être moi-même devenue mère d’une petite fille pour qui je suis prête à tout m’a ouvert les yeux sur le manque que j’ai toujours ressenti. Mais malgré mes frustrations, nos relations sont restées cordiales.

Le conflit qui a tout commencé est incroyablement banal. Tous les samedis, ma mère récupérait des repas chez moi, pour elle et mon père, ou pour des amis qui venaient dîner. Ce samedi-là, elle avait demandé un plat qui ne figurait pas au menu et qui nécessitait énormément de travail. Comme deux employés étaient malades, je n’ai pas pu accepter, mais je lui ai proposé une alternative. Elle est entrée dans une colère noire. Elle a hurlé : « Je suis ta mère tu ne peux vraiment jamais rien faire pour moi ? » J’étais fatiguée et, pour la première fois, je lui ai répondu : « Tu n’a qu’à cuisiner toi-même. » Une heure plus tard, elle m’écrivait par SMS : « Tu n’es plus ma fille. Je ne veux plus jamais te revoir, toi et ta famille. » Je suis tombée de ma chaise. Quelle réaction ridicule ! J’étais en colère, mais très vite, l’enfant blessé en moi a refait surface et a voulu se réconcilier. J’avais envoyé 5 messages pour m’excuser, mais je n’ai reçu que des réponses venimeuses. Mon père a joué les médiateurs, mais en vain. Après des semaines de silence, je lui ai écrit une lettre dans laquelle j’exprimais ma tristesse. « Je ne comprends pas que le fait de ne pas nous voir, ta petite-fille et moi, te rende plus heureuse. »
Elle n’a jamais répondu… Après près d’un an à tenter de recoller les morceaux, j’ai abandonné. Je me sentais constamment tendue, coupable ou en colère, et très triste. Pour moi et pour ma fille. J’ai consulté une thérapeute qui m’a fait comprendre que j’étais en plein processus de deuil. Le comprendre m’a aidée à guérir. Cela a normalisé cet immense chagrin et le sentiment de rejet que je ressentais. Parfois, je me levais et j’étais incapable de travailler. J’ai aussi éclaté en sanglots lors d’un cours de yoga… J’avais le sentiment que si ma mère n’était pas capable de m’aimer, personne ne le pouvait.

La thérapie m’a aidée, mais l’impact de la rupture reste énorme. Elle a touché tous les aspects de ma vie : qui je suis, comment je traite ma fille et comme j’interagis avec les autres. Quant je dis à ma fille : « Je t’aimerais toujours », il y a immédiatement une petite voix dans ma tête qui me dit : « Pourtant il y a des gens qui abandonnent leur enfant. Es-tu sûre de pouvoir tenir parole ? » J’ai aussi inconsciemment repoussé mon mari pendant un long moment. Je n’arrivais plus à croire qu’il m’aimait. Je ne suis plus jamais retournée chez mes parents, mais mon père venait me voir. Il s’occupait aussi de ma fille, mais chaque fois qu’il rentrait chez eux, ma mère le lui faisait payer. Mon père a passé sa vie à tout lui céder, mais cette fois, c’était trop lui demander. Il a divorcé deux ans après notre rupture. Ça a été très difficile pour lui. Ni lui ni moi n’avons compris pourquoi ma mère avait été si dure, si entêtée, si peu empathique.
Curieusement, nous sommes tombés sur la même explication au même moment : un collègue m’a parlé de son frère narcissique et mon père a vu à la télévision un reportage sur le narcissisme. On a tous les deux reconnu les traits de ma mère.
D’une certaine façon, cette explication est réconfortante : ce n’était pas de ma faute. Elle était malade, elle ne pouvait pas être mère. Et pourtant, avec mon frère, elle a réussi à l’être… Même si c’est surtout parce qu’il lui donne l’admiration qu’elle recherche si désespérément.

Au cours de toutes ces années, je l’ai revue une fois, dans une rue commerçante. Elle nous a regardés et j’ai immédiatement détourné la tête. 10 minutes plus tard, je tremblais encore. Ma fille était là, mais elle n’a rien remarqué. Elle ne se souvient plus de sa grand-mère. Je lui dis juste : « Grand-mère ne veut plus nous voir et je ne sais pas pourquoi. » J’évite délibérément de lui parler de dispute : je ne veux pas qu’elle pense qu’il est normal de rompre froidement avec quelqu’un.
Avec mon frère, on évite autant que possible de parler de notre mère, car c’est un terrain miné. Ce n’est pas facile pour lui non plus.
Parler de ma mère comme ça, relire la lettre et les SMS, ça me déprime toujours. Mais je constate que je rebondis chaque fois plus vite. Je suis plus forte. Le temps a fait son œuvre, tout comme la thérapie, le soutien de ma famille et mon envie de m’améliorer. J’ai fait une croix sur une potentielle tentative de réconciliation. Le risque de rejet est trop élevé, ce qui me briserait à nouveau. Et même si elle ne me rejetait pas maintenant, elle le ferait plus tard, avec moi ou avec ma fille. Elle n’a pas changé, alors comment réparer quoi que ce soit ?

Un jour, le téléphone sonnera et on m’annoncera son décès. Je ne sais pas comment je réagirai. Je ne pense pas que ce sera plus douloureux que ce que j’ai déjà vécu. Je pourrais pleurer ce qui n’a jamais été, toutes les occasions manquées, mais c’est ce que je fais déjà. D’ici là, mon chagrin aura disparu. Je ne veux pas que mon deuil ne prenne fin qu’à sa mort. Je veux que mon chagrin s’arrête maintenant. Je suis fatiguée de toujours chercher des explications. Ma mère a pris trop de place dans ma vie pendant trop longtemps.

Je suis prête à lâcher prise. Quelles que soient les raisons qui l’ont poussée à rompre les ponts avec moi, je ne les comprendrai jamais, mais ce n’est pas grave. J’attends avec impatience le moment où je pourrai vivre sans me voir à travers ses yeux. Je pourrai enfin m’épanouir, m’aimer à nouveau et laisser les autres m’aimer.

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