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Arion vulgaris

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Arion vulgaris  Empty Arion vulgaris

Message par marieannekeppers Sam 21 Sep 2024 - 9:04

Arion vulgaris  20220410

Sud-ouest de l'Europe, Europe centrale, Europe du Nord et États-Unis Importante défoliatrice de plantes Compétition Hybridation avec les espèces indigènes 
Graves dommages aux plantes horticoles dans les jardins privés et publics et dans l'agriculture Transmission d'agents pathogènes végétaux
Représente un hôte intermédiaire de nématodes parasites d'animaux domestiques

Arion vulgaris, la Loche méridionale, est une espèce de limaces atteignant 7 à 15 cm de long. 

Pour Érik L’Heureux, doctorant en sciences biologiques à l’Université de Montréal, les limaces sont beaucoup plus qu’un sujet de thèse. Elles sont une vraie passion. Si bien que ses proches lui envoient régulièrement des photos des limaces qu’ils croisent sur leur chemin.

Le 25 août 2021, il a reçu une photo qui allait changer le cours de sa carrière. Il a tout de suite compris qu’il avait affaire à un spécimen différent des autres, par sa grande taille et sa coloration atypique brun-orangé. Intri­gué, il demande à sa collègue, qui a pris la photo au parc linéaire de la Rivière-Saint-Charles, à Québec, de lui rapporter quelques spécimens.

Plusieurs heures de dissection et d’analyses génétiques plus tard, le verdict tombe : il s’agit bien d’Arion vulgaris, l’une des 100 espèces les plus envahissantes d’Europe. Cette découverte, inédite au Québec, a fait l’objet d’une publication début 2023 dans BioInvasions Records. Il s’agit de la troisième mention de cette espèce en Amé­rique du Nord – elle a été découverte en Ontario en 2018 et au Mexique en 2021.

« L’introduction d’Arion vulgaris est une mauvaise nouvelle », soutient Érik L’Heureux. Probablement originaire de France, cette limace cause des ravages dans la plupart des pays de l’Union européenne depuis de nombreuses années.

Comme toutes les espèces envahissantes, elle est une menace pour la biodiversité. Mais elle incarne surtout un cauchemar pour le secteur agricole. « Elle a beaucoup d’impacts sur les cultures, principalement au moment de la germination des graines », explique Xavier Cucherat, un spécialiste des mollusques et de la taxonomie des limaces qui a fondé en 2018 sa propre firme de consultation en biologie, Arion.idé, en France. « Dans certains cas, des parties entières de champs peuvent être détruites », ajoute-t-il.

Une étude suédoise a estimé que les tentatives de contrôle d’Arion vulgaris et les pertes de culture qui lui sont imputables ont engendré en 2006 des coûts variant entre 6 et 60 millions de dollars canadiens.

Mais ce n’est pas tout. Selon une étude parue en 2020, cette espèce a tendance à être davantage colonisée par certains parasites que les espèces locales. Elle serait notamment un hôte intermédiaire pour des nématodes qui causent des problèmes cardiorespiratoires chez les chiens et les renards.

Depuis les années 1950, Arion vulgaris étend son territoire. Elle est présente à différents degrés dans les pays en marron sur cette carte. La limace a également été aperçue en Russie ces dernières années, ainsi qu’au Mexique et au Canada. Elle aime coloniser des environnements perturbés par l’humain et peut s’hybrider avec des espèces locales. Image: Shutterstock
Une limace qui se démarque

Comment cet indésirable s’est-il retrouvé au Québec ? Nul ne le sait. Mais Arion vulgaris aime voyager, et elle est facilement introduite par le transport de matériaux ou de végétaux, note Xavier Cucherat. C’est une espèce qui préfère les milieux anthropisés, comme les jardins, les friches et les terrains agricoles, aux milieux naturels.

Bien que l’on ne puisse pas affirmer avec certitude qu’Arion vulgaris a le potentiel de faire autant de ravages au Québec qu’en Europe, son caractère invasif est bien documenté. Il est lié à plusieurs facteurs. D’abord, l’espèce est très prolifique : elle se reproduit à une vitesse très élevée. Puisqu’elle est hermaphrodite, lors de la copulation, les deux individus peuvent aussi se féconder mutuellement. Chacun d’entre eux pourra pondre de 200 à 400 œufs par an. Une densité impressionnante de 65 individus par mètre carré a déjà été observée dans des jardins en Pologne, en 2007.

Arion vulgaris présente également une grande mobilité et une capacité à résister aux conditions environ­ne­mentales défavorables. Elle est grande (jusqu’à 15 cm) et a la capacité de se nourrir d’une large gamme de plantes. Résultat : elle peut coloniser rapidement un nouveau territoire. Ainsi, une première limace Arion vulgaris a été aperçue en Norvège en 1988. Quelque 20 ans plus tard, l’espèce s’était établie dans 192 municipalités du pays, indique un article scientifique paru dans Fauna norvegica.

Érik L’Heureux se félicite toutefois de la détection précoce du mollusque au Québec. Il travaille déjà à la mise en place d’un plan d’intervention qui permettrait de limiter l’invasion, avec Guillaume Auclair, directeur des opérations à la Société de la Rivière-Saint-Charles, et Mustapha Ramdani, conseiller en environnement à la Ville de Québec. Les deux ont pris la découverte d’Arion vulgaris très au sérieux.

L’équipe de la Société de la Rivière Saint-Charles s’affairera, au cours des prochaines semaines, à faire un inventaire du nombre d’individus et à déter­miner leur zone de distribution. Des dizaines de spécimens ont déjà été observés, dont certains en copulation, ce qui indique que l’espèce est bien établie. « Il est encore temps de faire une intervention fructueuse », estime Guillaume Auclair.

Pour le moment, selon Mustapha Ramdani, le problème est surtout esthétique : le parc linéaire est très achalandé, et les limaces dérangent le public qui emprunte les sentiers. Le conseiller en environnement souligne l’im­portance d’obtenir une aide financière de la part des gouvernements fédéral et provincial. Malheureusement, les limaces ne semblent pas préoccuper les autorités autant que d’autres espèces envahissantes, comme le roseau commun.

Leur complexité y est peut-être pour quelque chose. S’il est aisé pour quiconque d’identifier les oiseaux ou les papillons, l’identification des limaces requiert des analyses génétiques et des dissections, comme en témoigne le cas de la photo envoyée à Érik L’Heureux. Même dans la littérature scientifique, les limaces sont souvent mal ou pas du tout identifiées. De là l’importance de la passion unique d’Érik L’Heureux. Plusieurs devront compter sur lui pour freiner la conquête du monde d’Arion vulgaris !  Mélissa Khadra

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